Dans un précédent article (Les fantômes du Château De'ath), je vous avais révélél'influence manifeste exercée par un épisode de Chapeau Melon & Bottes de Cuirsur une bande dessinée américaine...
Aujourd'hui, c'est l'inverse que j'entends vous démontrer (car c'est une information inédite !), s'agissant cette fois de l'excellent épisode "L'Héritage Diabolique" (The House That Jack Built (1)) de la saison 4(noir & blanc).
Écrit par le mentor de la série, Brian CLEMENS, et considéré d'ailleurs par celui-ci comme son scénario le plus intéressant(2), ce film a été tourné - par Don LEAVER - en janvier 1966.
Or, par plusieurs aspects, il s'apparente fort à un court récit en bande dessinée publié aux État-Unis en février 1953 (dans le n°8 de "Adventures into Darkness",chez Nedor Comics), "The House that Jackdaw Built"(3), et signéAlex TOTH (1928-2006), auteur de grand talent, mais assez méconnu en France...
En voici l'argument : un jeune couple (Phillip & Vera Lane) est invitéà passer sa lune de miel dans une villa ultra-moderne appartenant à un riche ancien prétendant de la mariée (Jim Jackdaw. NB : ce patronyme signifie "choucas"...oiseau de mauvais augure, et aussi référence habile au "Jack" de la comptine !). Mais bientôt, la maison automatisée se révèle un piège morteléchafaudé par leur hôte, ivre de vengeance d'avoir étééconduit par Vera. Mais le génie maléfiqueJackdaw n'avait pas envisagé que le cerveau électronique sophistiqué puisse être sensible à un puissant sentiment humain, l'amour...!
Bien que 13 ans séparent ces deux histoires, et que le medium diffère (TV/BD), on ne peut qu'être frappé par une analogie certaine. Pour autant, s'il a eu réellement connaissance de la BD d'A. TOTH (ce qui n'aurait rien d'étonnant pour un esprit curieux, comme celui de tout bon scénariste : les comics anglo-saxons des années 50-60 regorgent en effet de récits fantastiques et de science-fiction..), B. CLEMENS a su lui apporter une toute autre dimension (à la décharge de TOTH, sa BD ne faisait que 7 planches...), grâce notamment à la personnalité - particulièrement développée dans cet épisode - de la victime visée, la fascinante Emma PEEL !
Parmi les similitudes troublantes entre les deux aventures, on peut relevées notamment celles-ci :
A/ Une grande demeure isolée (plutôt sinistre) rejointe en voiture...
B/ Un propriétaire, technicien de génie, et potentiellement inquiétant (portant une moustache ! NB : dans le film, le professeur Keller est mort mais intervient via une vidéo pré-enregistrée )...
C/ D'hallucinants et angoissants corridors truqués...
D/ La villa dissimule une salle de contrôle informatisée...
E/ "L'âme"électronique de la maison "incarnée" par un visage fantasmagorique...
F/L'auto-destruction de l'infernale machinerie...
...Quant aux différences, je vous laisse le plaisir de les dénombrer vous-mêmes, en (re)visionnant assurément l'un des plus passionnants épisodes (qui jouit aussi des superbes décors d'Harry POTTLE) de cette extraordinaire série, et découvrir l'éclectique et riche œuvre dessinée du grand Alex TOTH !
(1) Le titre d'une célèbre et ancienne comptine anglo-saxonne.
(2) Selon l'interview donnée à Kerensa Bryant, publiée le 12 septembre 2011 sur son blog Geek Girl.
(3) Cette BD est consultable notamment sur le blog Mippyville , ou dans le recueil "Setting the Standard, comics by Alex Toth 1952-1954"©Fantagraphics Books - 2011
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